I. Les protagonistes en 1939
Mon grand-père maternel,
Marcel Saint Aubert,
n'a pas encore 15 ans quand la "drôle de guerre" éclate en
septembre 1939. Il les fêtera trois semaines plus tard.
Il travaille comme garçon limonadier au Café Henry qui
se situe sur la Place Aristide Briand.
Ses parents et lui habitent rue Saint Druon.
Mon grand-père paternel, André Hedbaut,
vient quant à lui de fêter ses 31 ans quelques jours plus tôt.
Il est père de deux garçons et sa première femme, Alexina,
est à son 6ème mois de grossesse.
En tant que réserviste, il a signalé aux autorités miltaires
son déménagement le 22 août au 8 rue des Bleuettes.
Ma grand-mère paternelle, Alfréda Blin,
a 25 ans et elle est encore célibataire. La famille habite
21 rue des Candillons.
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2. Paix ou guerre ?
Le 30 janvier 1933, Hitler est devenu chancelier du
Reich. Petit à petit, il remet en cause l'équilibre établi
entre les nations après la Première Guerre Mondiale et viole
les accords du Traité de Versailles : il cesse de payer les
dommages de guerre à la France et à la Belgique, il rattache
la Sarre à l'Allemagne, il rétablit le service militaire, il
réarme la Rhénanie... A partir de 1938, il se montre aussi
de plus en plus expansionniste : annexion de l'Autriche
(Anschluss), puis des Sudètes.
La France et l'Angleterre sont démunies
face aux provocations répétées de l'Allemagne, et tentent à
tout prix, mais en vain, de préserver la paix. Elles cèdent
face à Hitler et signent en septembre 1938 les Accords de
Munich. Winston Churcill écrit
à l'époque2 : "j’ai l’impression que nous allons devoir choisir pendant
les prochaines semaines entre la guerre et le déshonneur, et j’ai assez peu de doute sur l’issue de ce choix".
Léon Blum est partagé entre "un lâche soulagement et la honte"3.
En fait, les deux pays ne sont pas prêts pour déclencher la
guerre : la majorité des politiques et la population se
satisfont de ce semblant de paix, ou tout au moins pour les
plus réalistes, de repousser la guerre pendant quelques
mois... le temps de s'y préparer4.
suvolez pour agrandir
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C'est dans ce contexte que se tient à Cambrai fin mars 1939, dans le
cinéma Le Familia5, un débat public au titre déconcertant et avec la participation de Georges Pioch6.
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2. La mobilisation générale du 2 septembre 1939
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Chez les Saint Aubert, le chef de famille,
Achille,
a 49 ans. Il est de la classe 1910 et fait partie des 4,5
millions de français mobilisés, qui ont entre 20 et 49 ans
(classes 1909 à 1938)2. Les classes 1909, 1910
et 1911 ont été démobilisées3
à la fin de l'année 1939
; et Achille reprendra rapidement ses fonctions de gestion
de la coopérative de la rue Saint Druon.
André Hedbaut
fait partie de la classe 1928. Après 5 ans de service militaire, en
Indochine, dans un régiment de chars de combat, il est réserviste
depuis 8 ans. Nous ne savons pas s'il a été affecté à un
régiment de chars.
Chez les Blin, le père d'Alfreda a bientôt 56 ans ;
il est trop âgé pour être mobilisé. Par contre, Edouard,
l'ainé de la fratrie, est marié depuis 5 ans. Il est de la classe 1930 et
fait partie des jeunes français mobilisés.
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3. Le bruit des bottes
Après la mobilisation générale, l'armée française
franchit la frontière allemande le 7 septembre et s'avance
facilement dans la région de la Sarre. Mais elle choisit de
fortifier une ligne de front à 8 km seulement du territoire
allemand. Hormis cet épisode isolé, de septembre 1939 à
avril 1940, la "drôle de guerre" s'éternise pour la plupart
des soldats mobilisés.
L'armée française se prépare à une
attaque allemande. Elle n'est une surprise pour personne :
le 1er mai 1940, l’attaché militaire français à Berne en Suisse
fait savoir au commandement de l’armée française que
"l’armée allemande attaquera entre le 8 et 10 mai"
en concentrant ses forces dans les Ardennes et à Sedan ;
et le 6 mai, le substitut du Pape fait savoir à l’ambassadeur
de France à Rome que "les Allemands vont attaquer cette semaine". 1 |
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2. Wikipédia. Cette phrase citée par les historiens Martin Gilbert et Richard Langworth
(Churchill : A Life, New York, H. Holt, 1991) a été transformée par un autre historien, William Manchester,
dans la biographie Le Dernier Lion, en une apostrophe que Churchill n'a jamais prononcée :
"Le gouvernement avait le choix entre la guerre et le déshonneur ; il a choisi le déshonneur et il aura la guerre".
Comme il est fréquent dans les sources secondaires, la fausse citation a été beaucoup plus diffusée que l'authentique.
3. Wikipédia. Jean Lacouture, Léon Blum, éditions du Seuil, 1977.
4. La France modifie alors sa loi de programmation militaire pour renforcer son équipement.
5.
http://cinemasdunord.blogspot.com/2014/10/le-familia-de-cambrai.html
6.
2. L'exode
12 mai, dimanche de Pentecôte, les premiers bombardements
commencent dans le Nord
D’après la presse française de l’époque, 148 civils sont tués et 337 blessés dans ces bombardements.
3. La chute de Cambrai
La ville a été abondamment bombardée depuis le 17 mai.
Il ne reste plus que 5000 habitants et certains quartiers comme Cantimpré ont fortement souffert.
L'armée de Rommel prend Cambrai le 19 mai sans presque combattre.
4. La bataille du Nord (21 mai / 4 juin)
22 mai, contre-attaque à Cambrai
2 juin, Hitler arrive à Cambrai
https://www.cercleshoah.org/spip.php?article769
https://www.anciens-aerodromes.com/?p=73574
2
https://le-souvenir-francais.fr/loeil-de-lhistorien-fabrice-grenard/
3
https://pgf.hypotheses.org/66
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L'armée française se prépare à une
attaque allemande. Elle n'est une surprise pour personne :
le 1er mai 1940, l’attaché militaire français à Berne en Suisse
fait savoir au commandement de l’armée française que
"l’armée allemande attaquera entre le 8 et 10 mai"
en concentrant ses forces dans les Ardennes et à Sedan ;
et le 6 mai, le substitut du Pape fait savoir à l’ambassadeur
de France à Rome que "les Allemands vont attaquer cette semaine". 1
Pour autant, l'armée française est
convaincue que les allemands attaqueront par la Belgique.
Elle masse des troupes, les meilleures et les plus
mobiles, à Valenciennes et à Maubeuge avec l'intention de
bloquer l'armée ennemie en Belgique et protéger les
territoires du nord de la France. Dans la nuit du 9 au 10
mai, Hitler déclenche les hostilités sur toute la frontière
occidentale de l'Allemagne. Son attaque éclair des Pays-Bas
et de la Belgique masque aux généraux français l'engagement
d'Hitler vers les Ardennes.
Insérer une petite carte.
Dès le 12 mai, au nord du front, des
villes françaises sont bombardées par l'aviation allemande.
Le 13 mai, au sud du front, l'incursion allemande dans les Ardennes est un
succès ; le sort de la guerre est déjà scellé en faveur
des Allemands.
André Hedbaut est marié depuis moins de 3
ans quand la guere éclate en septembre 1939.
En tant que réserviste, il a signalé aux
autorités miltaires son déménagement le 22 août au 8 rue des
Bleuettes.
Sa fille Simone âgée d'à peine 1 an est
décédée le 3 juillet et sa femme est enceinte de leur 4ème
enfant. Prénommée comme sa mère, Alexina naîtra le 24
novembre.
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