Cambrai 1940

 

En mai 1940, la guerre a déjà embrasé une grande partie de l'Europe. L'Allemagne a envahi plusieurs pays au nord de l'Europe et l'état-major français s'attend à une invasion allemande à partir des Pays-Bas et de la Belgique. Bombardée le 16 mai, Cambrai capitule face à l'armée de Rommel le 19 mai.

 

Mes grands-parents paternels et mon grand-père maternel ont été en première ligne de ces événements tragiques. 1

 

 

 

Sommaire

1939

     I.  Les protagonistes

     II. Paix ou guerre ?

    III. Septembre : la mobilisation générale

 

Mai 1940

     IV. Statistiques de l'INSEE

     V.  Registres de Cambrai

     VI. Loi du 15 décembre 1923

 

2009

      Ponctuation

 

 

 

I. Les protagonistes en 1939

 

Mon grand-père maternel, Marcel Saint Aubert, n'a pas encore 15 ans quand la "drôle de guerre" éclate en septembre 1939. Il les fêtera trois semaines plus tard. Il travaille comme garçon limonadier au Café Henry qui se situe sur la Place Aristide Briand.

Ses parents et lui habitent rue Saint Druon.

 

Mon grand-père paternel, André Hedbaut, vient quant à lui de fêter ses 31 ans quelques jours plus tôt. Il est père de deux garçons et sa première femme, Alexina, est à son 6ème mois de grossesse.

En tant que réserviste, il a signalé aux autorités miltaires son déménagement le 22 août au 8 rue des Bleuettes.

 

Ma grand-mère paternelle, Alfréda Blin, a 25 ans et elle est encore célibataire. La famille habite 21 rue des Candillons.

 

2. Paix ou guerre ?

 

Le 30 janvier 1933, Hitler est devenu chancelier du Reich. Petit à petit, il remet en cause l'équilibre établi entre les nations après la Première Guerre Mondiale et viole les accords du Traité de Versailles : il cesse de payer les dommages de guerre à la France et à la Belgique, il rattache la Sarre à l'Allemagne, il rétablit le service militaire, il réarme la Rhénanie... A partir de 1938, il se montre aussi de plus en plus expansionniste : annexion de l'Autriche (Anschluss), puis des Sudètes.

La France et l'Angleterre sont démunies face aux provocations répétées de l'Allemagne, et tentent à tout prix, mais en vain, de préserver la paix. Elles cèdent face à Hitler et signent en septembre 1938 les Accords de Munich. Winston Churcill écrit à l'époque2 : "j’ai l’impression que nous allons devoir choisir pendant les prochaines semaines entre la guerre et le déshonneur, et j’ai assez peu de doute sur l’issue de ce choix". Léon Blum est partagé entre "un lâche soulagement et la honte"3. En fait, les deux pays ne sont pas prêts pour déclencher la guerre : la majorité des politiques et la population se satisfont de ce semblant de paix, ou tout au moins pour les plus réalistes, de repousser la guerre pendant quelques mois... le temps de s'y préparer4.

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C'est dans ce contexte que se tient à Cambrai fin mars 1939, dans le cinéma Le Familia5, un débat public au titre déconcertant et avec la participation de Georges Pioch6.

 

 

 

 

 

 

2. La mobilisation générale du 2 septembre 1939

 

 

 

Chez les Saint Aubert, le chef de famille, Achille, a 49 ans. Il est de la classe 1910 et fait partie des 4,5 millions de français mobilisés, qui ont entre 20 et 49 ans (classes 1909 à 1938)2. Les classes 1909, 1910 et 1911 ont été démobilisées3 à la fin de l'année 1939 ; et Achille reprendra rapidement ses fonctions de gestion de la coopérative de la rue Saint Druon.

 

André Hedbaut fait partie de la classe 1928. Après 5 ans de service militaire, en Indochine, dans un régiment de chars de combat, il est réserviste depuis 8 ans. Nous ne savons pas s'il a été affecté à un régiment de chars.

 

Chez les Blin, le père d'Alfreda a bientôt 56 ans ; il est trop âgé pour être mobilisé. Par contre, Edouard, l'ainé de la fratrie, est marié depuis 5 ans. Il est de la classe 1930 et fait partie des jeunes français mobilisés.

 

 

 

3. Le bruit des bottes

 

Après la mobilisation générale, l'armée française franchit la frontière allemande le 7 septembre et s'avance facilement dans la région de la Sarre. Mais elle choisit de fortifier une ligne de front à 8 km seulement du territoire allemand. Hormis cet épisode isolé, de septembre 1939 à avril 1940, la "drôle de guerre" s'éternise pour la plupart des soldats mobilisés.

 

 

L'armée française se prépare à une attaque allemande. Elle n'est une surprise pour personne : le 1er mai 1940, l’attaché militaire français à Berne en Suisse fait savoir au commandement de l’armée française que "l’armée allemande attaquera entre le 8 et 10 mai" en concentrant ses forces dans les Ardennes et à Sedan ; et le 6 mai, le substitut du Pape fait savoir à l’ambassadeur de France à Rome que "les Allemands vont attaquer cette semaine". 1

 

 

2. Wikipédia. Cette phrase citée par les historiens Martin Gilbert et Richard Langworth (Churchill : A Life, New York, H. Holt, 1991) a été transformée par un autre historien, William Manchester, dans la biographie Le Dernier Lion, en une apostrophe que Churchill n'a jamais prononcée : "Le gouvernement avait le choix entre la guerre et le déshonneur ; il a choisi le déshonneur et il aura la guerre". Comme il est fréquent dans les sources secondaires, la fausse citation a été beaucoup plus diffusée que l'authentique.

3. Wikipédia. Jean Lacouture, Léon Blum, éditions du Seuil, 1977.

4. La France modifie alors sa loi de programmation militaire pour renforcer son équipement.

5. http://cinemasdunord.blogspot.com/2014/10/le-familia-de-cambrai.html

6.

 

2. L'exode

12 mai, dimanche de Pentecôte, les premiers bombardements commencent dans le Nord

D’après la presse française de l’époque, 148 civils sont tués et 337 blessés dans ces bombardements.

 

3. La chute de Cambrai

La ville a été abondamment bombardée depuis le 17 mai.

Il ne reste plus que 5000 habitants et certains quartiers comme Cantimpré ont fortement souffert.

L'armée de Rommel prend Cambrai le 19 mai sans presque combattre.

 

4. La bataille du Nord (21 mai / 4 juin)

22 mai, contre-attaque à Cambrai

 

2 juin, Hitler arrive à Cambrai

https://www.cercleshoah.org/spip.php?article769

https://www.anciens-aerodromes.com/?p=73574

 

 

 

 

 

 

2 https://le-souvenir-francais.fr/loeil-de-lhistorien-fabrice-grenard/

3 https://pgf.hypotheses.org/66

 

 

 

 

 

 

 

Début mai 1940

 

L'armée française se prépare à une attaque allemande. Elle n'est une surprise pour personne : le 1er mai 1940, l’attaché militaire français à Berne en Suisse fait savoir au commandement de l’armée française que "l’armée allemande attaquera entre le 8 et 10 mai" en concentrant ses forces dans les Ardennes et à Sedan ; et le 6 mai, le substitut du Pape fait savoir à l’ambassadeur de France à Rome que "les Allemands vont attaquer cette semaine". 1

 

Pour autant, l'armée française est convaincue que les allemands attaqueront par la Belgique. Elle masse des troupes, les meilleures et les plus mobiles, à Valenciennes et à Maubeuge avec l'intention de bloquer l'armée ennemie en Belgique et protéger les territoires du nord de la France. Dans la nuit du 9 au 10 mai, Hitler déclenche les hostilités sur toute la frontière occidentale de l'Allemagne. Son attaque éclair des Pays-Bas et de la Belgique masque aux généraux français l'engagement d'Hitler vers les Ardennes.

Insérer une petite carte.

 

Dès le 12 mai, au nord du front, des villes françaises sont bombardées par l'aviation allemande. Le 13 mai, au sud du front, l'incursion allemande dans les Ardennes est un succès ; le sort de la guerre est déjà scellé en faveur des Allemands.

 

 

 

André Hedbaut est marié depuis moins de 3 ans quand la guere éclate en septembre 1939.

En tant que réserviste, il a signalé aux autorités miltaires son déménagement le 22 août au 8 rue des Bleuettes.

 

Sa fille Simone âgée d'à peine 1 an est décédée le 3 juillet et sa femme est enceinte de leur 4ème enfant. Prénommée comme sa mère, Alexina naîtra le 24 novembre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sources

 

1 Cet article est un résumé personnel d'une série d'articles "Le point sur... la ponctuation" qui sont parus dans l'hedbomadaire L'Express (Pedro Uribe Echeverria, 2009).  Lisez ici l'article complet.

2 https://mortsoublies.fr/2020/05/07/1940-contenir-lennemi-et-refuser-lencerclement-la-bataille-decisive-du-nord/

https://www.la-croix.com/Actualite/France/Juin-1940-tous-vos-temoignages-par-courrier-electronique-_NG_-2010-06-15-603452

https://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1995_num_77_311_5029

https://www.paillencourt.fr/la-voix-du-nord-le-mardi-14-mai-1940-des-bombes-tombent-sur-paillencourt/

https://www.retronews.fr/journal/le-figaro/22-may-1940/104/536953/1

https://webdoc.france24.com/paroles-exode-1940/

 

 

 

Dans le secteur de la 1ère Armée française, la 7ème Division panzer d'Erwin Rommel atteint Cambrai.

Les restes de la 9ème Armée du général André Corap entrent dans la petite ville du Cateau, dans la région de Cambrai.

Corap et son état-major, isolés de leur troupes, sont faits prisonniers par les Allemands. Il est remplacé par le général Henri Giraud.

Sur l'Oise, le commandement de sa 7ème Armée française est confié au général Aubert Frère.

Cambrai tombe aux mains du 15ème Korps motorisé du général Hermann Hoth.

 

 

 

 

  

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